St François de Sales

Un Savoyard évêque de Genève, saisi par la beauté et la bonté de Dieu, convaincu que douceur, acceptation de soi et des autres sont des moyens accessibles à tous, et privilégiés pour vivre et rayonner l’amour de Dieu. A temps et à contre temps il dira que « la sainteté selon l’Évangile est pour tout homme et pour tout l’homme, pourvu que le cœur se veuille tout à Dieu… »

Quelques repères biographiques

21 août 1567 : Naissance à Thorens
1578-1591 : Études de droit civil et de droit canonique à Paris et à Padoue
1593 : Ordination sacerdotale
8 décembre 1602 : Consécration épiscopale
1604 : Rencontre avec Jeanne Françoise de Chantal
6 juin 1610 : Fondation de la Visitation Sainte Marie à Annecy
28 décembre 1622 : Décès à Lyon
1665 : Canonisation
1877 : Docteur de l’Église

Lorsque François naît en 1567 à Thorens, petit village perdu dans les montagnes de la Savoie, l’Europe est déchirée par les guerres entre catholiques et protestants.

Son père, François de Boisy le destine à une brillante carrière de sénateur. Il l’envoie étudier à La-Roche-sur-Foron, à Annecy, puis à Paris, chez les Jésuites du collège de Clermont, et finalement à la célèbre université de Padoue.

Pour plaire à son père, François étudie le droit, mais pour se plaire à lui-même, il étudie aussi la théologie, car il ne partage pas les ambitions paternelles. Après ses études à Padoue il revient en Savoie, gentilhomme accompli, orgueil de son père qui lui prépare un brillant mariage. François se dérobe à ce projet : Il veut se donner au Seigneur en devenant prêtre.

Son cousin s’arrange pour qu’il soit nommé prévôt du chapitre de Saint Pierre de Genève en exil à Annecy ; première fonction du diocèse après celle de l’évêque. Il sait que cet honneur aidera son père à accepter sa vocation. Sa mère, Françoise de Sionnaz, le soutient en secret. A 26 ans, il est ordonné prêtre.

La personnalité de François se révèle fort attachante : il est doux, tout en étant volontaire, curieux de toutes choses et très intériorisé ; docile mais désireux de comprendre les ordres et les enseignements qu’il reçoit.

Durant ses études, il est affronté au débat sur la prédestination qui l’ébranle fortement : Sera-t-il du nombre des élus ou des damnés ? Crise existentielle qui le mène vers la désespérance et met sa santé en danger. Il lance alors à la Vierge de Bonne Délivrance à Paris, un «Souvenez-vous» éperdu qui l’apaise instantanément. Fort de cet acte d’abandon total, François tiendra ferme dans l’intention d’aimer Dieu quelle que soit Sa Volonté, sûr qu’Il veut sauver tous les hommes.

Au cœur d’une chrétienté déchirée, François prêche le retour à l’unité par la sainteté évangélique : cette vision inspirera toute sa vie. Sur l’heure, il se met à la tâche : par une vie austère de prière et de pénitence, il accomplit avec ponctualité ses fonctions de prêtre et de prévôt : il prêche, confesse, réconcilie, catéchise. Ses préférés sont les pauvres et les détenus… Il conquiert Annecy par la charité.

L’évêque d’Annecy demande à ses prêtres si l’un d’eux  accepterait d’aller restaurer le culte catholique en Chablais… Mission difficile et périlleuse. Mais François, encore tout jeune, se propose. Il saura entrer en dialogue avec les protestants dans un grand respect et compréhension mutuelle, toujours avec vérité.

François s’efforce de mettre en place un clergé cultivé et compétent. D’où son effort, en tout et partout, pour raviver leurs cœurs. Il visite toutes les paroisses de son diocèse, bravant la neige et la glace… Il est proche du peuple et aimé de tous.

La déchéance des abbayes et des monastères l’afflige. Avec beaucoup de tact et de pédagogie, il les aidera à se réformer.

Hommes et femmes, de toutes conditions sociales se mettent sous sa conduite spirituelle. Avec finesse il accompagne chacun sur le chemin de la sainteté dans la vie ordinaire.

Il n’hésite pas écrire, expédiant certains jours vingt ou trente missives adaptées à chaque correspondant.

Son œuvre littéraire est née de l’action et orientée vers l’action.

L’Introduction à la Vie Dévote (dévot = fervent dans la vie spirituelle) rédigée à partir des billets de direction spirituelle de sa cousine , Madame de Charmoisy  connut tout de suite un immense succès. Cela répondait excellemment à l’attente des chrétiens désireux de vivre en cohérence avec leur foi au cœur du monde.Aujourd’hui encore, cet ouvrage connaît de nombreuses traductions et adaptations , en diverses langues

Le Traité de l’Amour de Dieu s’adresse à toute âme «amoureuse» de Dieu pour l’aider à progresser sur le chemin d’une union toujours plus vivante avec Lui.

Pour répondre à l’aspiration des âmes, il fonde en 1610 avec Jeanne de Chantal l’ordre de la Visitation Sainte Marie. Le petit institut accueille les veuves, les femmes de santé fragile ou d’humble condition mais animées d’un amour ardent pour le Christ.

Saint François de Sales est fêté le 24 janvier. Il est le patron des journalistes et des écrivains. Mais chose moins connue, il est aussi le patron des sourds muets en mémoire de l’aide qu’il a apportée à Martin, atteint de cet handicap.

Il était lui même sous le patronage de St François d’Assise.

De la déposition de Ste Jeanne de Chantal
pour la canonisation de St François de Sales. (III, 170-71-72)

…Il y a environ quinze années, je demandais à ce Bienheureux s’il était longtemps sans retourner son esprit à Dieu. Il me répondit “quelquefois environ un quart d’heure”. J’admirais cela en un prélat si occupé en tant de diverses et importantes affaires…

…Il m’a dit que la première pensée qui lui venait au réveil, c’était de Dieu, et qu’il s’endormait en la même pensée tant qu’il se pouvait….

Il disait que la vraie manière de servir Dieu était de le suivre et de marcher après lui sur la fine pointe de l’âme, sans aucun appui de consolation, de sentiments, ni de lumière que celles de la foi nue et simple; cela ne veut pas dire toutefois qu’il n’ait pas reçu de grandes lumières intérieures et même extérieures…

…Il ne prenait point garde, à ce qu’il m’a dit, s’il était consolé ou désolé en l’oraison; quand Notre Seigneur lui donnait de bons sentiments, il les recevait en simplicité; s’il ne lui en donnait point, il n’y pen­sait point…

Jamais je n’ai reconnu, et l’on ne l’a jamais vu, que je sache, être attaché à aucun exercice de dévotion, mais il se conservait une sainte liberté d’esprit pour faire toutes choses selon ce que la Providence lui offrait. On l’a souvent vu s’apprêtant à dire la sainte messe, ou faire oraison, moments qu’il retardait, voire même quittait quel­quefois, quand le service du prochain ou quelque légitime occasion l’appelait à autre chose.

…On ne le voyait jamais troublé, ni ennuyé, quand les affaires lui survenaient à l’imprévu; mais il les recevait avec douceur de la main de Dieu… ne regardant pas les choses en ce qu’elles étaient en elles-mêmes mais en Celui qui les envoyait; ainsi il était toujours en oraison puisqu’il tenait continuellement son cœur exposé au bon plaisir de Dieu, auquel il acquiesçait simplement.

Il disait souvent qu’une âme voulant servir Dieu parfaitement doit s’attacher à Lui seul, Le désirer ardemment ; mais quant aux moyens de parvenir à cela, il ne fallait pas s’y attacher, mais qu’avec liberté, il fallait aller, quelque part où la charité ou l’obéissance nous appelle, et cela gaiement et paisiblement.

“Que la figure de saint François de Sales soit pour vous, jeunes, un modèle de douceur, qu’elle soit pour vous, malades, un encouragement à offrir vos souffrances pour la cause de l’unité de l’Église du Christ et pour vous, jeunes mariés, un exemple pour reconnaître dans la vie de famille la primauté de Dieu et de son Amour.”

Pape François, Audience générale du 24 janvier 2018


“A une époque comme la nôtre qui recherche la liberté, parfois par la violence et l’inquiétude, ne doit pas échapper l’actualité de saint François de Sales, ce grand maître de spiritualité et de paix,  qui remet à ses disciples l’«esprit de liberté», la vraie,  au sommet d’un enseignement fascinant et complet sur la réalité de l’amour.”

Benoît XVI


“J’invite les pasteurs et les fidèles à se laisser enseigner par l’exemple de saint François de Sales et par ses écrits, qui demeurent d’une grande actualité. En homme de bonté et de douceur, il nous propose une spiritualité exigeante mais sereine, fondée sur l’amour.”

Jean Paul II


“Je prie Dieu de faire refleurir dans l’Église une vie spirituelle éclatante, grâce à l’enseignement de saint François de Sales, qui demeure source de lumière pour nos contemporains, comme il l’a été de son temps.”

Paul VI


“Saint François de Sales ! Mon saint bien aimé ! Quelle belle figure d’homme, de prêtre, d’évêque ! Si j’étais comme lui, cela ne me ferait rien même d’être pape !”

Angelo Roncalli, à 22 ans, futur pape Jean XXIII